Chargement Évènements

« Tous les Évènements

  • Cet évènement est passé.

C’est quoi, le truc ?Emplois nominaux sous-spécifiés et polysémie : le cas du nom truc

07 novembre 2019 · 14h00 17h00

Conférence d’Estelle MOLINE

L’étiquette nom sous-spécifié est utilisée par Legallois (2006, 2008) lorsqu’il adapte au français la notion de shell nouns développée par Schmid 2000. Les Nss sont régulièrement appréhendés en regard des noms généraux tels que définis par Hasan & Halliday 1976, qu’ils soient analysés comme une sous-classe de NG (Adler & Legallois 2018 : 20) ou au contraire comme une classe distincte de celle des NG,  les deux classes partageant un nombre réduit d’éléments communs (Huyghe, à par.). En outre, l’étiquette de Nss renverrait à un – voire des –  type(s) d’emploi(s) susceptible(s) d’être assumé(s) par ces noms plutôt qu’à une (sous-)catégorie nominale proprement dite (e.a. Adler & Legallois 2018).
Les NG sont définis par une fréquence d’emploi élevée, un contenu sémantique pauvre ayant pour corollaire une application référentielle vaste et un rôle non négligeable dans la cohésion textuelle. Pour leur part, les Nss se caractérisent  par le fait qu’ils correspondent nécessairement à des noms abstraits, qu’ils renvoient des situations, des événements, des propositions, etc. et non à des individus, ou encore que leur sous-spécification est à la fois sémantique et dénotationnelle (Adler & Legallois 2018 : 22). Les Nss possèdent en outre la particularité d’être compatibles avec des schémas syntaxiques spécifiques (e.a. Adler & Legallois 2018 : 25-26), à savoir :

    • la construction spécificationnelle Nss (c’)est de Vinf ;
    • la construction spécificationnelle Nss (c’)est que P ;
    • la construction spécificationnelle nominale (Nss (c’) est un/le N) ;
    • la construction spécificationnelle par expansion infinitive (Nss de Vinf) ;
    • la construction spécificationnelle par expansion conjonctive (Nss que P) ;
    • la construction spécificationnelle  par anaphore (. Ce Nss) ;
    • la construction exprimant une évaluation (Nss est (Modif) Adj) ;
    • la construction introduisant la spécification indépendamment de la syntaxe (Nss 🙂 ;
    • la construction introduisant la spécification par un verbe (Nss réside/consiste en (à)) ;
    • la construction impliquant un verbe support (avoir pour Nss) ;
    • la construction être un/le Nss dans laquelle le Nss catégorise ou évalue le sujet

auxquels s’ajoutent, dans une moindre mesure, l’interrogative quel est le Nss ?, la structure Tel est le Nss ainsi que la tournure Nss être + interrogatif.
Cette présentation a pour objectif d’étudier la polysémie du nom truc en emploi sous-spécifié et d’examiner en quoi les patrons syntaxiques rappelés ci-dessus sont susceptibles d’en caractériser les différentes acceptions.

Travaux cités

Adler S. & Legallois D. (2018), « Les noms sous-spécifiés dans le débat parlementaire : analyse fréquentielle et catégorisation modale », Langue française, 198 : 19-34.
Halliday M.A.K & Hassan R. (1976), Cohesion in English, London, Longman.
Huyghe R. (à par.), « Noms généraux et noms sous-spécifiés : des relations à préciser », 
Corela
Legallois D. (2006), « Quand le texte signale sa structure : la fonction textuelle des noms sous-spécifiés », Corela, [En ligne], HS-5 | 2006, mis en ligne le 27 octobre 2006. URL : http://corela.revues.org/1465 ; DOI : 10.4000/corela.1465
Legallois D. (2008), « Sur quelques caractéristiques des noms sous-spécifiés », Scolia 23, 109-127.
Schmid H.-J. (2000), English Abstract Nouns as Conceptual Shells, New York, Mouton de Gruyter.

Lieu :

UNICAEN · CRISCO · Salle de documentation

Esplanade de la Paix
Caen, 14053