Ce projet, porté par Éliane Délente, également en collaboration avec Stéphane Ferrari, s’intéresse aux relations rythme / sens, et dans un premier temps, aux décalages tels que le rejet.
L’approche théorique se caractérise par : 1 – une analyse privilégiant les expressions elles-mêmes (métriques, prosodiques ou syntaxiques) à leur frontière ; 2 – un traitement temporel de l’information, unité après unité, progressivement, ce qui implique de rendre compte de légers ré-ajustement interprétatifs.
La méthode d’analyse se développe en deux temps :
- À partir du corpus Malherbe, constitution de sous-corpus ciblés grâce à l’extraction automatique d’éventuels décalages en s’appuyant sur la distribution des signes de ponctuation. Deux auteurs sont en cours d’analyse : Boileau, bon représentant d’une tendance contraignante à éviter les décalages ; Chénier, (ré-)introducteur après le classicisme, de décalages parfois brutaux, souvent aussi, atténués. Ultérieurement, seront ajoutés : Hugo qui, dans une intention déclarée, multiplie ces décalages et Verlaine qui exploite systématiquement toutes sortes de décalages aux frontières extrêmes du cadre 6+6. Un travail est en cours pour améliorer l’automatisation en étudiant d’autres indices que les signes de ponctuation.
- Élaboration d’une base de données de ces décalages. L’étude de leur force implique :
- une description des paramètres à l’œuvre : période, genre, auteur, longueur métrique des vers, mètre, distribution dans la strophe, longueur rythmique du rejet, relations entre le rejet et son amont (contiguïté ou non du rejet avec le début, en amont, de son constituant ou de celui avec lequel il est le plus directement lié), relations entre le rejet et son aval (intégration ou non, dans son vers, de l’élément rejeté, et nature de l’intégration (syntaxique, prosodique, énonciative, sémantique, discursive, rhétorique, thématique, etc.)
- un croisement de certains de ces paramètres.