Conférence de Philippe PLANCHON, Laboratoire Ligérien de Linguistique (LLL), Université de Tours

La question de l’identité lexicale est l’occasion de nombreux débats, portant notamment sur la monosémie, l’homonymie et la polysémie, ainsi que sur les paramètres contribuant à la variation du sens. Le phénomène de la synonymie constitue de ce point de vue un élément d’appréciation décisif, puisqu’il permet de mettre en relation l’identité et la différence, et de poser la question du degré de similitude entre des mots jugés par ailleurs synonymes. Les outils lexicographiques et de modélisation de la synonymie sont à cet égard précieux pour toute recherche conduite en sémantique lexicale. Comment prendre la mesure des différents sens d’un mot ? Comment définir ce qui le rend substituable à d’autres mots qui lui sont synonymes ? Quel rôle jouent le contexte et la construction syntaxique dans le cas de telles substitutions ?

Nous proposons de nous intéresser à cette variation et à la possibilité d’utiliser de telles substitutions pour l’analyse de la polysémie et de la synonymie dans le domaine verbal. A travers quelques exemples de verbes fortement polysémiques (donner, trouver, perdre, accorder…), nous présenterons quelques hypothèses sur la variation du sens. Ces hypothèses ont été initialement proposées dans le cadre de la TOPE, et permettent d’articuler une partie des débats qui portent sur la construction du sens. L’enjeu est de définir des paramètres réguliers de variation, dans un cadre de modélisation et dans une visée combinatoire, tout en tenant compte également de ce qui caractérise en propre chaque unité lexicale dans sa singularité et son fonctionnement interne.