
La sémantique lexicale se sert d’une opposition binaire entre les traits « animé » et « inanimé », tandis que les recherches grammaticales, notamment la typologie linguistique, identifient une échelle hiérarchique s’organisant du plus animé (les référents humains) au moins animé (les objets, parfois les notions abstraites). Les études en analyse de discours ont cependant mis en évidence une variation discursive considérable dans la représentation de la distinction « animé/inanimé ». En outre, les études psycholinguistiques récentes ont démontré qu’en tant que construction cognitive « l’animé » se présente plutôt comme un ensemble de variables conceptuelles qui se fondent sur notre perception des propriétés physiques et mentales des entités.
Le projet « La sémantique du vivant » se concentre sur la représentation linguistique des entités qui, pour des raisons différentes, résistent à une catégorisation binaire ou hiérarchique de « l’animé » (microbes, embryons, plantes, animaux non humains). En nous appuyant sur les cadres théoriques de la sémantique cognitive et de la sémantique argumentative, nous nous proposons comme objectif de développer une schématisation non linéaire de « l’animé » qui permettra de rendre compte de la variété des interactions entre les humains et les autres formes de vie. Le projet aborde « l’animé » comme un concept cognitif et linguistique intrinsèquement interactionnel et incarné.
Sur un plan écolinguistique, le projet mène une réflexion concernant la possibilité d’étudier la construction du sens linguistique dans une perspective post-anthropocentrique.
