Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BAU_1/BAU6
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
SPLEEN ET IDÉAL
V
J’aime le souvenir | de ces époques nues, 6+6 a
Dont Phœbus se plaisait | à dorer les statues. 6+6 a
Alors l’homme et la femme | en leur agilité 6+6 b
Jouissaient sans mensonge | et sans anxiété, 6+6 b
5 Et, le ciel amoureux | leur caressant l’échine, 6+6 a
Exerçaient la santé | de leur noble machine. 6+6 a
Cybèle alors, fertile | en produits généreux, 6+6 b
Ne trouvait point ses fils | un poids trop onéreux, 6+6 b
Mais, louve au cœur gonflé | de tendresses communes, 6+6 a
10 Abreuvait l’univers | à ses tétines brunes. 6+6 a
L’homme, élégant, robuste | et fort, avait le droit 6+6 b
D’être fier des beautés | qui le nommaient leur roi ; 6+6 b
Fruits purs de tout outrage | et vierges de gerçures, 6+6 a
Dont la chair lisse et ferme | appelait les morsures ! 6+6 a
15 Le Poëte aujourd’hui, | quand il veut concevoir 6+6 b
Ces natives grandeurs, | aux lieux où se font voir 6+6 b
La nudité de l’homme | et celle de la femme, 6+6 a
Sent un froid ténébreux | envelopper son âme 6+6 a
Devant ce noir tableau | plein d’épouvantement. 6+6 b
20 Ô monstruosités | pleurant leur vêtement ! 6+6 b
Ô ridicules troncs ! | torses dignes des masques ! 6+6 a
Ô pauvres corps tordus, | maigres, ventrus ou flasques, 6+6 a
Que le dieu de l’Utile, | implacable et serein, 6+6 b
Enfants, emmaillota | dans ses langes d’airain ! 6+6 b
25 Et vous, femmes, hélas ! | pâles comme des cierges, 6+6 a
Que ronge et que nourrit | la débauche, et vous, vierges, 6+6 a
Du vice maternel | traînant l’hérédité 6+6 b
Et toutes les hideurs | de la fécondité ! 6+6 b
Nous avons, il est vrai, | nations corrompues, 6+6 a
30 Aux peuples anciens | des beautés inconnues : 6+6 a
Des visages rongés | par les chancres du cœur, 6+6 b
Et comme qui dirait | des beautés de langueur ; 6+6 b
Mais ces inventions | de nos muses tardives 6+6 a
N’empêcheront jamais | les races maladives 6+6 a
35 De rendre à la jeunesse | un hommage profond, 6+6 b
— À la sainte jeunesse, | à l’air simple, au doux front, 6+6 b
À l’œil limpide et clair | ainsi qu’une eau courante, 6+6 a
Et qui va répandant | sur tout, insouciante 6+6 a
Comme l’azur du ciel, | les oiseaux et les fleurs, 6+6 b
40 Ses parfums, ses chansons | et ses douces chaleurs ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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