Métrique en Ligne
BAU_1/BAU39
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
SPLEEN ET IDÉAL
XXXVIII
Le Balcon
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses, 6+6 a
Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs ! 6+6 b
Tu te rappelleras la beauté des caresses, 6+6 a
La douceur du foyer et le charme des soirs, 6+6 b
5 Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses ! 6+6 a
Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon, 6+6 a
Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses. 6+6 b
Que ton sein m’était doux ! que ton cœur m’était bon ! 6+6 a
Nous avons dit souvent d’impérissables choses 6+6 b
10 Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon. 6+6 a
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées ! 6+6 a
Que l’espace est profond ! que le cœur est puissant ! 6+6 b
En me penchant vers toi, reine des adorées, 6+6 a
Je croyais respirer le parfum de ton sang. 6+6 b
15 Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées ! 6+6 a
La nuit s’épaississait ainsi qu’une cloison, 6+6 a
Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles, 6+6 b
Et je buvais ton souffle, ô douceur, ô poison ! 6+6 a
Et tes pieds s’endormaient dans mes mains fraternelles. 6+6 b
20 La nuit s’épaississait ainsi qu’une cloison. 6+6 a
Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses, 6+6 a
Et revis mon passé blotti dans tes genoux. 6+6 b
Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses 6+6 a
Ailleurs qu’en ton cher corps et qu’en ton cœur si doux ? 6+6 b
25 Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses ! 6+6 a
Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis, 6+6 a
Renaîtront-ils d’un gouffre interdit à nos sondes, 6+6 b
Comme montent au ciel les soleils rajeunis 6+6 a
Après s’être lavés au fond des mers profondes ? 6+6 b
30 — Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite périodique
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