Métrique en Ligne
BAU_1/BAU21
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
SPLEEN ET IDÉAL
XX
Les Bijoux
La très chère était nue, et, connaissant mon cœur, 6+6 a
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores, 6+6 b
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur 6+6 a
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures. 6+6 b
5 Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur, 6+6 a
Ce monde rayonnant de métal et de pierre 6+6 b
Me ravit en extase, et j'aime à la fureur 6+6 a
Les choses où le son se mêle à la lumière. 6+6 b
Elle était donc couchée et se laissait aimer, 6+6 a
10 Et du haut du divan elle souriait d'aise 6+6 b
A mon amour profond et doux comme la mer, 6+6 a
Qui vers elle montait comme vers sa falaise. 6+6 b
Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté, 6+6 a
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses, 6+6 b
15 Et la candeur unie à la lubricité 6+6 a
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ; 6+6 b
Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins, 6+6 a
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne, 6+6 b
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ; 6+6 a
20 Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne, 6+6 b
S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal, 6+6 a
Pour troubler le repos où mon âme était mise, 6+6 b
Et pour la déranger du rocher de cristal 6+6 a
Où, calme et solitaire, elle s'était assise. 6+6 b
25 Je croyais voir unis par un nouveau dessin 6+6 a
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe, 6+6 b
Tant sa taille faisait ressortir son bassin. 6+6 a
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe ! 6+6 b
— Et la lampe s'étant résignée à mourir, 6+6 a
30 Comme le foyer seul illuminait la chambre, 6+6 b
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir, 6+6 a
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite périodique
schéma : 8(abab)
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