Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
BAU_1/BAU140
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
SUPPLÉMENT AUX FLEURS DU MAL
IV
À une Malabraise
Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et ta hanche 6+6 a
Est large à faire envie à la plus belle blanche ; 6+6 a
À l’artiste pensif ton corps est doux et cher ; 6+6 b
Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair. 6+6 b
5 Aux pays chauds et bleus où ton Dieu t’a fait naître, 6+6 a
Ta tâche est d’allumer la pipe de ton maître, 6+6 a
De pourvoir les flacons d’eaux fraîches et d’odeurs, 6+6 b
De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs, 6+6 b
Et, dès que le matin fait chanter les platanes, 6+6 a
10 D’acheter au bazar ananas et bananes. 6+6 a
Tout le jour, où tu veux, tu mènes tes pieds nus, 6+6 b
Et fredonnes tout bas de vieux airs inconnus ; 6+6 b
Et quand descend le soir au manteau d’écarlate, 6+6 a
Tu poses doucement ton corps sur une natte, 6+6 a
15 Où tes rêves flottants sont pleins de colibris, 6+6 b
Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris. 6+6 b
Pourquoi, l’heureuse enfant, veux-tu voir notre France, 6+6 a
Ce pays trop peuplé que fauche la souffrance, 6+6 a
Et, confiant ta vie aux bras forts des marins, 6+6 b
20 Faire de grands adieux à tes chers tamarins ? 6+6 b
Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles, 6+6 a
Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles, 6+6 a
Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs, 6+6 b
Si, le corset brutal emprisonnant tes flancs, 6+6 b
25 Il te fallait glaner ton souper dans nos fanges 6+6 a
Et vendre le parfum de tes charmes étranges, 6+6 a
L’œil pensif, et suivant, dans nos sales brouillards, 6+6 b
Des cocotiers absents les fantômes épars ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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