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BAU_1/BAU107
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
TABLEAUX PARISIENS
CIII
La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse, 6+6 a
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, 6+6 a
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. 6+6 b
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, 6+6 b
5 Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres, 6+6 a
Son vent mélancolique à l’entour de leurs marbres, 6+6 a
Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats, 6+6 b
De dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps, 6+6 b
Tandis que, dévorés de noires songeries, 6+6 a
10 Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries, 6+6 a
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver, 6+6 b
Ils sentent s’égoutter les neiges de l’hiver 6+6 b
Et le siècle couler, sans qu’amis ni famille 6+6 a
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille. 6+6 a
15 Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir, 6+6 b
Calme, dans le fauteuil je la voyais s’asseoir, 6+6 b
Si, par une nuit bleue et froide de décembre, 6+6 a
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre 6+6 a
Grave, et venant du fond de son lit éternel 6+6 b
20 Couver l’enfant grandi de son œil maternel, 6+6 b
Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse, 6+6 a
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse ? 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
schéma : 11((aa))
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