Métrique en Ligne
VRM_1/VRM12
corpus Pamela Puntel
Louis-Lucien VERMEIL
LES DOULEURS DE LA GUERRE
1870
XII
LA GRANDEUR DE JÉSUS
ET LES GRANDEURS HUMAINES1
Il sera grand…
— Luc., 1, 15..
Il a reçu un nom qui est au dessus de tout autre nom…
Philip., II, 9..
Le nom de Jésus…
Math., 1, 21..
Comparez à ce nom tous les noms de la terre, 12
Tous les titres pompeux de notre vanité ; 12
Qu'ils sont petits ces noms d'un éclat éphémère, 12
Seul il est grand le Fils de l'immortalité ! 12
5 Noms fameux des héros que célèbre l'histoire, 12
Comme vous pâlissez auprès de ce doux nom ! 12
Jésus grandit encore et va de gloire en gloire ; 12
Mais vous disparaissez, comme votre renom ! 12
Monarques, conquérants, puissants hommes de guerre, 12
10 Vous qui fîtes trembler maintes fois l'univers, 12
Vous qui traciez vos noms sur le bronze ou la pierre, 12
A peine on se souvient même de vos revers ! 12
Vos noms sont effacés, vos grandeurs abattues, 12
Alexandre ou César, votre règne n'est rien ! 12
15 Le temps a tout détruit, vos palais, Vos statues, 12
Vos cités ne sont plus, comme au sol assyrien ! 12
Il faut fouiller longtemps pour trouver Babylone, 12
Ou Ninive, ou Carthage, ou les vieilles cités ; 12
En vain fouillerait-on pour retrouver un trône, 12
20 Car ils sont vermoulus avant d'être quittés ! 12
Bien fragile est, hélas ! la splendeur d'un empire ! 12
Que de sceptres brisés ! — Leur prestige est détruit ! 12
Un craquement lugubre… et ta puissance expire, 12
O monarque orgueilleux qui faisais tant de bruit ! 12
25 Nous en sommes témoins : un empire s'écroule, 12
Et le peuple applaudit, il voit tomber ses fers ! 12
Le trône est emporté sur la vague qui roule… 12
C'est l'Océan humain. Que ces flots sont amers ! 12
Ses flots en écumant rejaillissent sur Rome ! 12
30 Au milieu des débris de l'antique cité, 12
Là se trouve un vieillard, un grand pontife, un homme, 12
Qui veut passer pour Dieu. Quelle caducité ! 12
Devant ce flot vengeur qui mugit et qui monte, 12
Tremblez, tremblez, tyrans ; — car votre tour viendra. 12
35 Les peuples en courroux voudront noyer leur honte… 12
Bientôt la Liberté partout triomphera ! 12
Mais il est, je le sais, un trône de Justice ; 12
Il est une grandeur qui ne doit point passer, 12
C'est ton trône, ô Jésus ! celui du sacrifice ; 12
40 Ta croix, divin Sauveur, ne saurait s'effacer ! 12
La charité du Christ ! mais elle est éternelle ; 12
C'est là sa gloire à lui que rien ne peut ternir. 12
Sur cette croix maudite, ô que sa mort est belle ! 12
Aussi son pur triomphe est bien loin de finir. 12
45 Tu règnes, ô Jésus ! comme un roi débonnaire, 12
Tu règnes sans verser le sang de tes sujets. 12
Le sang que tu versas, c'est le tien sur la terre, 12
Le tien pour nous sauver ; ne l'oublions jamais ! 12
Tu règnes dans le ciel, d'où tu vois à cette heure, 12
50 Ce monde tout couvert de carnage et de sang ! 12
Tu règnes, ô Seigneur ! — Du lieu de ta demeure, 12
Accorde-nous ta grâce et ton secours puissant ! 12
La paix, divin Jésus ! la paix entre les frères, 12
Oui, la paix entre ceux qui t'appellent Sauveur ! 12
55 O, peuples, calmez-vous, regagnez vos frontières ; 12
Il est une autre loi que la loi du Vainqueur ; 12
C'est la Loi de Jésus, la Loi de l’Évangile, 12
Loi qui vaut beaucoup mieux que la loi du plus fort ! 12
Rebelle à cette Loi, colosse aux pieds d'argile, 12
60 Le vainqueur disparaît sous un souffle de mort ! 12
O Prince de la Paix ! humble roi débonnaire, 12
Attire-nous à toi par des liens d'amour. 12
Apaise du guerrier la fureur sanguinaire ; 12
Que ton règne ici-bas grandisse, dès ce jour ! 12
Ce morceau a déjà paru dans le Journal évangélique ; mais l'auteur a pensé qu'il pouvait encore trouver sa place à la fin de ce petit poème, comme l'ode finale.
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