Métrique en Ligne
VOL_4/VOL84
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
LES ÉPÎTRES
1706-1778
ÉPÎTRE XXXII
1731
A MONSIEUR DE CIDEVILLE
Ceci te doit être remis 8
Par un abbé de mes amis, 8
Homme de bien, quoique d'église. 8
Plein d'honneur, de foi, de franchise, 8
5 En lui les dieux n'ont rien omis 8
Pour en faire un abbé de mise : 8
Même Phébus le favorise. 8
Mais dans son cœur Vénus a mis 8
Un petit grain de gaillardise. 8
10 Or c'est un point qui scandalise 8
Son curé, plus gaillard que lui, 8
Qui dès longtemps le tyrannise, 8
Et nouvellement aujourd'hui 8
Dans un placard le tympanise. 8
15 Sur cela mon abbé prend feu, 8
Lui fait un bon procès de Dieu, 8
Le gagne : appel ; or c'est dans peu 8
Qu'on doit chez vous juger l'affaire. 8
Or, puissant est notre adversaire : 8
20 Le terrasser n'est pas un jeu. 8
Tu dois m'entendre, et moi me taire ; 8
Car c'est trop longtemps tutoyer 8
Du parlement un conseiller : 8
Ma muse un peu trop familière 8
25 Pourrait à la fin l'ennuyer, 8
Peut-être même lui déplaire. 8
Qu'il sache pourtant qu'à Cythère 8
L'amitié, l'amour, et leur mère, 8
Parlent toujours sans compliment ; 8
30 Qu'avec Hortense ma tendresse 8
N'en use jamais autrement, 8
Et j'estime autant ma maîtresse 8
Qu'un conseiller au parlement. 8
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