Métrique en Ligne
VOL_4/VOL172
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
LES ÉPÎTRES
1706-1778
ÉPÎTRE CXX
1777
À MONSIEUR LE MARQUIS DE VILLETTE
Mon dieu ! Que vos rimes en ine 8
M'ont fait passer de doux moments ! 8
Je reconnais les agréments 8
Et la légèreté badine 8
5 De tous ces contes amusants 8
Qui faisaient les doux passe-temps 8
De ma nièce et de ma voisine. 8
Je suis sorcier, car je devine 8
Ce que seront les jeunes gens ; 8
10 Et je prévis bien dès ce temps 8
Que votre muse libertine 8
Serait philosophe à trente ans : 8
Alcibiade en son printemps 8
Était Socrate à la sourdine. 8
15 Plus je relis et j'examine 8
Vos vers sensés et très-plaisants, 8
Plus j'y trouve un fond de doctrine 8
Tout propre à messieurs les savants, 8
Non pas à messieurs les pédants 8
20 De qui la science chagrine 8
Est l'éteignoir des sentiments. 8
Adieu, réunissez longtemps 8
La gaîté, la grâce si fine 8
De vos folâtres enjouements, 8
25 Avec ces grands traits de bon sens 8
Dont la clarté nous illumine. 8
Je ne crains point qu'une coquine 8
Vous fasse oublier les absents : 8
C'est pourquoi je me détermine 8
30 À vous ennuyer de mes ents, 8
Entrelacés avec des ine. 8
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