Métrique en Ligne
VOL_4/VOL122
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
LES ÉPÎTRES
1706-1778
ÉPÎTRE LXX
1745
AU MÊME,
QUI AVAIT ADRESSÉ DES VERS À L'AUTEUR
SUR CES RIMES REDOUBLÉES
Lorsque deux rois s'entendent bien, 8
Que chacun d'eux défend son bien, 8
Et du bien d'autrui fait ripaille ; 8
Quand un des deux, roi très-chrétien, 8
5 L'autre, qui l'est vaille que vaille, 8
Prennent des murs, gagnent bataille, 8
Et font sur le bord stygien 8
Voler des pandours la canaille ; 8
Quand Berlin rit avec Versaille 8
10 Aux dépens de l'hanovrien, 8
Que dit monsieur l'autrichien ? 8
Tout honteux, il faut qu'il s'en aille 8
Loin du monarque prussien, 8
Qui le bat, le suit, et s'en raille. 8
15 Cela pourra gâter la taille 8
De ce gros Monsieur Bartenstein, 8
Et rabaisser ce ton hautain 8
Qui toujours contre vous criaille. 8
C'est en vain que l'anglais travaille 8
20 À combattre votre destin, 8
Vous aurez l'huître, et lui l'écaille ; 8
Vous aurez le fruit et le grain, 8
Et lui l'écorce avec la paille. 8
Le saxon voit que c'est en vain 8
25 Qu'un petit moment il ferraille ; 8
Contre un aussi mauvais voisin 8
Que peut-il faire ? Rien qui vaille. 8
Vous seriez empereur romain, 8
Et du pape première ouaille, 8
30 Si vous en aviez le dessein ; 8
Mais votre pouvoir souverain 8
Subsistera, pour le certain, 8
Sans cette belle pretintaille. 8
Soyez l'arbitre du germain, 8
35 Soyez toujours vainqueur humain, 8
Et laissez là la rime en aille. 8
logo du CRISCO logo de l'université