Métrique en Ligne
VOL_1/VOL2
VOLTAIRE
(François-Marie Arouet)
Odes
Tragédie en trois actes
1709-1775
II
SUR LE VŒU DE LOUIS XIII
Du Roi des rois la voix puissante 8
S'est fait entendre dans ces lieux, 8
L'or brille, la toile est vivante, 8
Le marbre s'anime à mes yeux. 8
5 Prêtresses de ce sanctuaire, 8
La Paix, la Piété sincère, 8
La Foi, souveraine des rois, 8
Du Très Haut filles immortelles, 8
Rassemblent en foule autour d'elles 8
10 Les Arts animés par leurs voix. 8
O Vierges, compagnes des justes, 8
Je vois deux héros prosternés 8
Dépouiller leurs bandeaux augustes 8
Par vos mains tant de fois ornés. 8
15 Mais quelle puissance céleste 8
Imprime sur leur front modeste 8
Cette suprême majesté, 8
Terrible et sacré caractère 8
Dans qui l'œil étonné révère 8
20 Les traits de la Divinité ? 8
L'un voua ces fameux portiques ; 8
Son fils vient de les élever. 8
Oh ! que de projets héroïques 8
Seul il est digne d'achever ! 8
25 C'est lui, c'est ce sage intrépide 8
Qui triompha du sort perfide 8
Contre sa vertu conjuré : 8
Et de la discorde étouffée 8
Vint dresser un nouveau trophée 8
30 Sur l'autel qu'il a consacré. 8
Telle autrefois la cité sainte 8
Vit le plus sage des mortels 8
Du Dieu qu'enferma son enceinte 8
Dresser les superbes autels ; 8
35 Sa main, redoutable et chérie, 8
Loin de sa paisible patrie 8
Écartait les troubles affreux ; 8
Et son autorité tranquille 8
Sur un peuple à lui seul docile 8
40 Faisait luire des jours heureux. 8
O toi, cher à notre mémoire, 8
Puisque Louis te doit le jour, 8
Descends du pur sein de la gloire, 8
Des bons rois éternel séjour ; 8
45 Revois les rivages illustres 8
Où ton fils depuis tant de lustres 8
Porte ton sceptre dans ses mains ; 8
Reconnais-le aux vertus suprêmes 8
Qui ceignent de cent diadèmes 8
50 Son front respectable aux humains. 8
Viens : la Chicane insinuante, 8
Le Duel armé par l'Affront, 8
La Révolte pâle et sanglante, 8
Ici ne lèvent plus le front. 8
55 Tu vis leur cohorte effrénée 8
De leur haleine empoisonnée 8
Souffler leur rage sur tes lis ; 8
Leurs dents, leurs flèches, sont brisées, 8
Et sur leurs têtes écrasées 8
60 Marche ton invincible fils. 8
Viens sous cette voûte nouvelle, 8
De l'art ouvrage précieux ; 8
Là brûle, allumé par son zèle, 8
L'encens que tu promis aux cieux. 8
65 Offre au Dieu que son cœur révère 8
Ses vœux ardents, sa foi sincère, 8
Humble tribut de piété. 8
Voilà les dons que tu demandes : 8
Grand Dieu ! ce sont là les offrandes 8
70 Que tu reçois dans ta bonté. 8
Les rois sont les vives images 8
Du Dieu qu'ils doivent honorer. 8
Tous lui consacrent des hommages ; 8
Combien peu savent l'adorer ! 8
75 Dans une offrande fastueuse 8
Souvent leur piété pompeuse 8
Au ciel est un objet d'horreur ; 8
Sur l'autel que l'Orgueil lui dresse 8
Je vois une main vengeresse 8
80 Montrer l'arrêt de sa fureur. 8
Heureux le roi que la couronne 8
N'éblouit point de sa splendeur ; 8
Qui, fidèle au Dieu qui la donne, 8
Ose être humble dans sa grandeur 8
85 Qui, donnant aux rois des exemples, 8
Au Seigneur élève des temples, 8
Des asiles aux malheureux : 8
Dont la clairvoyante justice 8
Démêle et confond l'artifice 8
90 De l'hypocrite ténébreux ! 8
Assise avec lui sur le trône, 8
La Sagesse est son ferme appui. 8
Si la Fortune l'abandonne, 8
Le Seigneur est toujours à lui : 8
95 Ses vertus seront couronnées 8
D'une longue suite d'années, 8
Trop courte encore à nos souhaits ; 8
Et l'Abondance dans ses villes 8
Fera germer ses dons fertiles, 8
100 Cueillis par les mains de la Paix. 8
PRIÈRE POUR LE ROI.
Toi qui formas Louis de tes mains salutaires, 12
Pour augmenter ta gloire, et pour combler nos vœux, 12
Grand Dieu, qu'il soit encor l'appui de nos neveux, 12
Comme il fut celui de nos pères ! 8
logo du CRISCO logo de l'université