Idéales Sympathies |
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Un jour, le Rêve ailé planant dans le ciel bleu, |
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Tout comme un libre oiseau qui dédaigne la terre, |
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Songeait dans son envol au long regard de feu |
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Des étoiles du soir se voilant de mystère. |
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Le bonheur, pensait-il, doit se trouver ici, |
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Dans ce stellaire Éden, d'où s'échappe la flamme, |
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La clarté, la chaleur, le rayon adouci, |
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Qui pénètre le cœur, émeut l'esprit et l'âme. |
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Et dans l'immense éther où se déploient mes ailes, |
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Dans ce vol aérien où flottent mes désirs, |
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Le souffle de ma vie aux sphères éternelles |
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Porte en hommage à Dieu mes chants et mes soupirs. |
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Je ne descendrai plus dans ce pays des fleurs |
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Où les papillons fous chagrinent tant les roses, |
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Les perles de l'azur ne troublent pas les cœurs |
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Et les rayons du ciel ont la pitié des choses. |
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Ainsi pensait le Rêve enivré de délices, |
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Quand soudain de la terre, il monta des sanglots ; |
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Et ces bruits douloureux étaient sans artifices, |
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L'amertume d'une âme en débordait à flots. |
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Le Rêve n'y tint plus, et vers cette souffrance |
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Il dirigea son vol. Quittant là l'idéal |
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Et ses charmes divins, vers la voix il s'élance, |
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Oubliant un moment le monde sidéral. |
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Dans un buisson fleuri que longe un sentier vert |
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Errait seule en pleurant la Douleur éperdue ; |
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Elle avait fui la foule et libre en ce désert |
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Confiait aux échos sa peine contenue. |
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La solitude est chère à qui voudrait pleurer ; |
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Les regards indiscrets intimident les larmes, |
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Sur un frêle rameau que le vent fait trembler, |
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Les gouttes de cristal ont tout l'attrait des charmes. |
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La triste inconsolée, entière à son chagrin, |
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Goûtait peu la nature et son gai paysage, |
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Car pour elle les fleurs n'avaient plus de parfum |
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Et les oiseaux des nids n'avaient plus de ramage. |
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Seule, la brise tiède en caressant son front, |
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Retrouvait dans son âme un écho de sa plainte, |
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Et les feuilles tout bas mêlaient leurs doux frissons |
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Aux émois violents dont elle était étreinte. |
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Le Rêve sympathique à la pauvre Douleur, |
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Survint en soupirant, la toucha de son aile, |
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Un colloque expansif et de vibrante ardeur |
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Les enivra d'amour et LUI fut épris d'ELLE. |
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Et, depuis lors, on voit dans toute solitude |
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Que le Rêve exilé recherche tristement |
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Une nymphe songeuse ; Et sa morne attitude |
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Dit que c'est la Douleur qui l'appelle et l'attend. |
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