Métrique en Ligne
VIV_9/VIV303
Renée VIVIEN
Le Vent des vaisseaux
1910
LE PALAIS DU POÈTE
Les murs de ce palais sont d’ébène et d’ivoire 12
Et les plafonds gemmés d’astres comme les cieux. 12
Les esclaves y vont à pas silencieux 12
Avec leurs pas très-doux et leur face très-noire. 12
5 Et les cyprès aigus s’y dorent au couchant… 12
On n’entend jamais plus la fuite d’or du sable 12
Dans le lent sablier… car l’instant adorable 12
Y demeure, attiré par le pouvoir du chant… 12
Et, le repos semblable à l’écho, se prolonge 12
10 Infiniment suave et tendre et musical, 12
Comme un chant murmuré selon un rythme égal… 12
Ici l’on goûte en paix l’éternité du songe… 12
Comme un serpent couché, le lent chagrin s’endort… 12
Le cœur tranquille enfin, et l’âme enfin ravie. 12
15 Le Poète s’attarde en oubliant la vie 12
Et croit goûter déjà la douceur de la Mort. 12
En attendant la paix de cet instant unique 12
Les parfums sont très-doux que brûlent les flambeaux… 12
Et, dans les vases d’or que les grands lys sont beaux ! 12
20 Car le Poète écoute, en pleurant, Sa Musique !… 12
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