À UNE OMBRE AIMÉE |
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Voici l’heure où le mort goûte aux festins funèbres, |
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Et je t’ai préparé, comme hier, le repas. |
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Grâce aux flammes, grâce aux lampes, on ne sent pas |
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L’enveloppement fin et serré des ténèbres. |
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Voici mes voiles verts… Voici mon front paré |
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Des gemmes et des fleurs qui conviennent aux fêtes. |
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Comme hier, comme hier, toutes choses sont prêtes. |
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Viens t’asseoir au repas savamment préparé. |
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Ton cœur m’approuvera… Ce vin est délectable, |
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Ayant mûri dans le soleil d’un très beau jour, |
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Ces fruits semblent pétris sous les doigts de l’amour, |
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Une lueur très douce illumine la table. |
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Ta place habituelle est prête… Viens t’asseoir, |
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Très chère ! et prends ici ta place accoutumée, |
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Mon amie aux doux yeux tristes, ma bien-aimée |
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Pour toi j’ai revêtu mes parures, ce soir… |
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Mais un souffle très froid entre-baîlle la porte |
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Et dans mon corps glacé je sens mon cœur transi. |
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Je ne puis oublier que je suis seule ici, |
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Que je suis triste et que je n’aime qu’une morte. |
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