Métrique en Ligne
VIV_7/VIV239
Renée VIVIEN
Sillages
1908
DEVANT L’ÉTÉ
Voici l’été… Les jours sont trop longs, mon amie, 12
L’ombre tarde… On attend l’heure du grand repos, 12
Des lys plus odorants, de la cloche endormie, 12
De la grande fraîcheur des feuilles et des eaux. 12
5 Je m’attriste de la clarté qui se prolonge. 12
Mon cœur est l’ennemi des midis éclatants, 12
Et malgré que les jours soient beaux comme un beau songe, 12
Cette heure qui me plaît, je l’attends trop longtemps. 12
Je le sais, le beau jour dore ta chevelure 12
10 Large et blonde et qui se réjouit du soleil, 12
Mais je préfère à tout cette tristesse pure 12
Et cet ennui final qui mènent au sommeil. 12
J’adore ton visage et je préfère l’ombre 12
Mystérieuse où je ne puis que l’entrevoir… 12
15 Je préfère à ton clair regard ton regard sombre, 12
Belle, tu m’apparais plus belle vers le soir. 12
Dans l’espoir de cette heure où tout désir s’émousse, 12
Oublions la splendeur dure des jours trop longs. 12
Dans le désir et le regret de la nuit douce 12
20 Par ces longs soirs d’été trop lumineux, allons… 12
Moi, je me baignerai dans cette ombre illusoire 12
De tes cheveux et de tes seins et de tes bras 12
En songeant à la paix, la douceur et la gloire 12
D’un beau soir violet qui ne s’achève pas. 12
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