Métrique en Ligne
VIV_4/VIV133
Renée VIVIEN
La Vénus des Aveugles
1904
LA NUIT LATENTE
Le soir, doux berger, développe 8
Son rustique solo… 6
Je mâche un brin d’héliotrope 8
Comme Fra Diavolo. 6
5 La nuit latente fume, et cuve 8
Des cendres, tel un noir Vésuve, 8
Voilant d’une vapeur d’étuve 8
La lune au blond halo. 6
Je suis la fervente disciple 8
10 De la mer et du soir. 6
La luxure unique et multiple 8
Se mire à mon miroir… 6
Mon visage de clown me navre. 8
Je cherche ton lit de cadavre 8
15 Ainsi que le calme d’un havre, 8
Ô mon beau Désespoir ! 6
Ah ! la froideur de tes mains jointes 8
Sous le marbre et le stuc 6
Et sous le poids des terres ointes 8
20 De parfum et de suc ! 6
Mon âme, que l’angoisse exalte, 8
Vient, en pleurant, faire une halte 8
Devant ces parois de basalte 8
Aux bleus de viaduc. 6
25 Lorsque l’analyse compulse 8
Les nuits, gouffre béant, 6
Dans ma révolte se convulse 8
La fureur d’un géant. 6
Et, lasse de la beauté fourbe, 8
30 De la joie où l’esprit s’embourbe, 8
Je me détourne et je me courbe 8
Sur ton vitreux néant. 6
logo du CRISCO logo de l'université