Métrique en Ligne
VIV_3/VIV98
Renée VIVIEN
Évocations
1903
SOIR
Les flots du Léthé coulent sur l’ardeur vaine 11
Des corps et des yeux ivres de pleurs versés. 11
L’ombre réunit les troupeaux dispersés 11
Là-bas, dans la plaine. 5
5 Au fond de l’Hadès où dort Perséphoné, 11
Les vierges sans voix, ses compagnes fidèles, 11
Cueillent en rêvant les pâles asphodèles 11
Au rire fané. 5
Ayant contemplé la mort des hyacinthes 11
10 Dont la pourpre fraîche assombrit d’un regret 11
La montagne, j’erre et je pleure en secret 11
Sur les fleurs éteintes. 5
Et j’évoque en vain tes prunelles d’ors froids, 11
Éranna, ton front, Gurinnô triste et tendre, 11
15 Tes lèvres, Atthis ! tes seins, Gorgô,… la cendre 11
Des nuits d’autrefois. 5
Auprès du foyer et de l’essor des flammes, 11
Le Soir a versé le repos comme un vin. 11
Ah ! que ne peut-il, apaisant et divin, 11
20 Réunir les âmes ? 5
Que de souvenirs à la chute du jour ! 11
Songeant aux douleurs qui redoutent l’aurore, 11
Comment ai-je su garder vivant encore 11
L’amour de l’amour ? 5
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