Métrique en Ligne
VIV_3/VIV80
Renée VIVIEN
Évocations
1903
LA FLEUR DU SORBIER
Paré d’aigue-marine et d’onyx et d’opale, 12
Le soir voluptueux sourit bizarrement, 12
Et, goûtant à demi la saveur du moment, 12
Nous regrettons tout bas une joie idéale. 12
5 Le couchant qui blêmit et rougit tour à tour, 12
La campagne morbide et l’heure de tristesse 12
Semblent nous reprocher d’avoir, ô ma Maîtresse, 12
Accompli sans désir les gestes de l’Amour. 12
L’ombre vient consoler tes paupières meurtries. 12
10 Les grappes de glycine encadrent tes bras nus. 12
Les nuages, suivant leurs chemins inconnus, 12
Ont l’essor nébuleux et blanc des Valkyries. 12
Ton regard sans lueurs paraît agoniser. 12
Une phalène au vol supplicié se pose 12
15 Sur la fleur du sorbier, d’un or pâlement rose 12
Comme la fleur secrète où j’ai mis mon baiser. 12
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