Métrique en Ligne
VIV_3/VIV77
Renée VIVIEN
Évocations
1903
L’ODEUR DE LA MONTAGNE
« Lo giorno se n’andava, e l’aer bruno
Toglieva gli animai che sono in terra
Dalle fatiche loro… »
DANTE, Inferno, canto secondo.
Le soir, désaltérant la soif de la campagne, 12
Coule, froidement vert comme un fleuve du Nord, 12
Et voici que descend l’odeur de la montagne. 12
Consolant la tristesse et ranimant l’effort, 12
5 La fraîcheur des sommets se répand dans la plaine. 12
On voit de loin, jetant des flammes sur les fleurs, 12
Le ver luisant et la luciole incertaine ; 12
Et la bruine déferle, éteignant les couleurs 12
Et noyant d’infini les pâles paysages. 12
10 L’or du couchant jaillit, tel le vin du pressoir, 12
Et s’attarde, empourpré, sur les divins visages 12
De l’Ombre et de la Mort, qui passent dans le soir… 12
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