Métrique en Ligne
VIV_3/VIV75
Renée VIVIEN
Évocations
1903
L’AURORE TRISTE
L’aurore a la pâleur verdâtre d’une morte, 12
Elle semble une frêle et tremblante Alkestis 12
Qui, les pas vacillants, vient frapper à la porte 12
Où l’amour l’accueillait en souriant, jadis. 12
5 Elle a quitté les flots qui roulent des étoiles, 12
Les jardins nébuleux où dort Perséphoné, 12
Ceinte de pavots blancs et vierge sous les voiles, 12
Et le doux crépuscule au sourire fané. 12
Elle a quitté l’Hadès et l’éternel automne, 12
10 Le reflet des roseaux et l’ombre des iris 12
Sur l’onde sans reflux, qui jamais ne frissonne. 12
L’aube semble une frêle et tremblante Alkestis. 12
Longtemps elle s’attarde au seuil de la demeure 12
Dont hier elle fut la parure et l’espoir, 12
15 Et contemple le monde où la volupté pleure, 12
Avec des yeux nouveaux qui s’attristent de voir. 12
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