Métrique en Ligne
VIV_3/VIV121
Renée VIVIEN
Évocations
1903
PAYSAGE MYSTIQUE
Il est un ciel limpide où s’éteint le zéphyr, 12
Où la clarté se meurt sur les champs d’asphodèles, 12
Et là-bas, dans le vol de leur dernier soupir, 12
Vient l’âme sans espoir des Amantes fidèles. 12
5 Là-bas, la rose même a d’étranges pâleurs, 12
Les oiseaux n’ont qu’un chant égal et monotone, 12
Les terrestres parfums ont délaissé les fleurs, 12
Le soleil a toujours un sourire d’automne. 12
Elles passent, les yeux vaguement azurés, 12
10 Dans l’orgueil virginal de leur beauté première, 12
Effleurant de leur pas harmonieux les prés 12
Que leurs blancs vêtements parsèment de lumière. 12
Et le mouvant miroir de la source confond 12
Dans un même reflet les larges chevelures… 12
15 Les lueurs du couchant se mêlent à leur front : 12
Mais les baisers sont morts sur leurs lèvres très pures. 12
Elles ont recueilli la flamme de l’autel 12
Qui brûle sous les yeux de la chaste Déesse, 12
Et gardé de l’Amour ce qu’il a d’éternel; 12
20 Le divin souvenir, le rêve et la tristesse. 12
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