LASSITUDE |
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Je dormirai ce soir d’un large et doux sommeil… |
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Fermez bien les rideaux, tenez les portes closes. |
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Surtout, ne laissez pas pénétrer le soleil. |
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Mettez autour de moi le soir trempé de roses. |
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Posez, sur la blancheur d’un oreiller profond, |
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De ces fleurs sans éclat et dont l’odeur obsède. |
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Posez-les dans mes mains, sur mon cœur, sur mon front, |
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Les fleurs pâles au souffle amoureusement tiède. |
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Et je dirai très bas : « Rien de moi n’est resté… |
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Mon âme enfin repose… ayez donc pitié d’elle… |
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Qu’elle puisse dormir toute une éternité. » |
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Je dormirai, ce soir, de la mort la plus belle. |
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Que s’effeuillent les fleurs, tubéreuses et lys, |
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Et que meure et s’éteigne, au seuil des portes closes, |
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L’écho triste et lointain des sanglots de jadis. |
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Ah ! le soir infini ! le soir trempé de roses ! |
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