Métrique en Ligne
VIV_1/VIV17
Renée VIVIEN
Études et Préludes
1901
AUBE INCERTAINE
Comme les courtisans près d’un nouveau destin, 12
Nous attendions ensemble un rayon de l’aurore. 12
Les songes attardés se poursuivaient encore, 12
Et tes yeux étaient bleus, — bleus comme le matin. 12
5 Déjà je regrettais une douceur passée. 12
Tes cheveux répandaient une odeur de sommeil. 12
Dans la crainte de voir éclater le soleil, 12
Notre nuit s’éloignait, souriante et lassée. 12
Tel qu’un léger linceul de spectre, le brouillard 12
10 Se drapait vaguement avant de disparaître, 12
Et le ciel était plein d’un immense : Peut-être… 12
L’aube était incertaine ainsi que ton regard. 12
Tu semblais deviner mes extases troublées. 12
Dans l’ombre, je croyais te voir enfin pâlir, 12
15 Et j’espérais qu’enfin jaillirait le soupir 12
De nos cœurs confondus, de nos âmes mêlées. 12
Nos êtres défaillants frémissaient d’espoir : sourds. 12
Nous rêvions longuement que c’était l’amour même, 12
Son immortelle angoisse et son ardeur suprême… 12
20 Et le jour s’est levé, comme les autres jours ! 12
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