Métrique en Ligne
VHR_3/VHR99
Émile VERHAEREN
LES SOIRS
1887
LES DÉBÂCLES
1888
DÉFORMATION MORALE
PRIÈRE
Lunes du gel dans les grottes de l’or nocturne, 12
Glaives d’acier, lames d’argent, pointes de fer, 12
Minuit silencieux, qui t’ériges dans l’air 12
Comme une volonté dardante et taciturne, 12
5 Voici mon cœur pour les couteaux de tes silences, 12
Et mes ardeurs pour tes linceuils et tes tombeaux, 12
Minuit clair et lointain, voici pour tes flambeaux 12
Mon grand rêve brisé comme un combat de lances. 12
Vers les immensités, mes yeux lèvent leur flamme, 12
10 Et mes bras éreintés de l’enlacement vain, 12
Vides, sont implorants de ton conseil d’airain, 12
Minuit rigide et froid sur le deuil de mon âme ! 12
Que de regards défunts, que de regards, naguère, 12
T’ont, eux aussi, fixé pendant leur désespoir, 12
15 Obstinément et longuement fixé, le soir, 12
Quand l’hiver bâtissait sa maison mortuaire. 12
Il ne restera rien de ce qui fut ma plainte 12
Et tout homme travaille à son inanité ; 12
Minuit tranquille et mort, de son éternité 12
20 Gèle, en mon cœur, mes pleurs, ma voix, et toi, ma crainte ! 12
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