Métrique en Ligne
VHR_3/VHR91
Émile VERHAEREN
LES SOIRS
1887
LES SOIRS
I
DÉCORS LIMINAIRES
INFINIMENT
Voici très longuement, très lentement, les râles 12
D’hiver et les grands soirs dressés en bûchers d’or 12
Rouge sur des fleuves et les mers novembrales 12
Pleines de pleurs, pleines d’affres, pleines de mort. 12
5 Les chiens du désespoir, les chiens du vent d’automne 12
Mordent de leurs abois les échos noirs des soirs, 12
Et l’ombre, immensément, dans le vide, tâtonne 12
Vers la lune, mirée au clair des abreuvoirs. 12
De point en point, là-bas, des lumières lointaines, 12
10 Fixes. Et par-dessus, toujours, comme des voix, 12
À travers l’infini des dunes et des plaines, 12
Des voix, nocturnement, à travers les grands bois. 12
Et des routes de soir continûment unies, 12
Qui se croisent, ainsi que des voiles, sans bruit, 12
15 Et s’allongent et s’écoulent indéfinies 12
Par au delà des loins et des loins de la nuit. 12
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