Métrique en Ligne
VHR_3/VHR121
Émile VERHAEREN
LES SOIRS
1887
LES FLAMBEAUX NOIRS
1890
III
PROJECTION EXTÉRIEURE
UN SOIR
Sur des marais de gangrène et de fiel 10
Des cœurs d’astres troués saignent du fond du ciel. 12
Horizon noir et grand bois noir 8
Et nuages de désespoir 8
5 Qui circulent en longs voyages 8
Du Nord au Sud de ces parages. 8
Pays de toits baissés et de chaumes marins 12
Où sont allés mes yeux en pèlerins, 10
Mes yeux vaincus, mes yeux sans glaives, 8
10 Comme escortes, devant leurs rêves. 8
Pays de plomb — et longs égouts 8
Et lavasses d’arrière-goûts 8
Et chante-pleure de nausées, 8
Sur des cadavres de pensées. 8
15 Pays de mémoire chue en de la vase, 11
Où de la haine se transvase, 8
Pays de la carie et de la lèpre, 10
Où c’est la mort qui sonne à vêpre ; 8
Où c’est la mort qui sonne à mort, 8
20 Obscurément, du fond d’un port, 8
Au bas d’un clocher qui s’exhume 8
Comme un grand mort parmi la brume ; 8
Où c’est mon cœur qui saigne aussi, 8
Mon cœur morne, mon cœur transi, 8
25 Mon cœur de gangrène et de fiel, 8
Astre cassé, au fond du ciel. 8
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