Métrique en Ligne
VHR_2/VHR48
Émile VERHAEREN
LES MOINES
1885
SOIR RELIGIEUX
Des villages plaintifs et des champs reposés, 12
Voici que s’exhalait, dans la paix vespérale, 12
Un soupir doucement triste comme le râle 12
D’une vierge qui meurt pâle, les yeux baissés, 12
5 Le cœur en joie et tout au ciel déjà tendante. 12
Les verts étaient tombés. Seule encor remuait, 12
Là-bas, vers le couchant, dans l’air vide et muet, 12
Une cloche d’église à d’autres répondante 12
Et qui sonnait, sous sa mante de bronze noir, 12
10 Comme pour un départ funéraire d’escortes, 12
Vers des lointains perdus et des régions mortes, 12
La souffrance du monde éparse au fond du soir. 12
C’était un croisement de voix pauvres et lentes, 12
Si triste et si deuillant qu’à l’entendre monter, 12
15 Un oiseau quelque part se remit à chanter, 12
Très faiblement, parmi les ramilles dolentes, 12
Et que les blés, calmant peu à peu leur reflux, 12
S’aplanirent — tandis que les forêts songeuses 12
Regardaient s’en aller les routes voyageuses, 12
20 À travers les terreaux, vers les doux angelus. 12
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