Métrique en Ligne
VER_9/VER360
Paul VERLAINE
PARALLÈLEMENT
1889
POÈME SATURNIN
CE fut bizarre et Satan dut rire. 9
Ce jour d’été m’avait tout soûlé. 9
Quelle chanteuse impossible à dire 9
Et tout ce qu’elle a débagoulé ! 9
5 Ce piano dans trop de fumée 9
Sous des suspensions à pétrole ! 9
Je crois, j’avais la bile enflammée, 9
J’entendais de travers ma parole. 9
Je crois, mes sens étaient à l’envers, 9
10 Ma bile avait des bouillons fantasques. 9
O les refrains de cafés-concerts. 9
Faussés par le plus plâtré des masques ! 9
Dans des troquets comme en ces bourgades, 9
J’avais rôdé, suçant peu de glace. 9
15 Trois galopins aux yeux de tribades 9
Dévisageaient sans fin ma grimace. 9
Je fus hué manifestement 9
Par ces voyous, non loin de la gare, 9
Et les engueulai si goulûment 9
20 Que j’en faillis gober mon cigare. 9
Je rentre : une voix à mon oreille, 9
Un pas fantôme. Aucun ou personne ? 9
On m’a frôlé. – La nuit sans pareille ! 9
Ah ! l’heure d’un réveil drôle sonne. 9
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