Métrique en Ligne
VER_9/VER342
Paul VERLAINE
PARALLÈLEMENT
1889
FILLES
III
CASTA PIANA
TES cheveux bleus aux dessous roux, 8
Tes yeux très durs qui sont trop doux, 8
Ta beauté, qui n’en est pas une, 8
Tes seins que busqua, que musqua 8
5 Un diable cruel et jusqu’à 8
Ta pâleur volée à la lune, 8
Nous ont mis dans tous nos états, 8
Notre-dame du galetas 8
Que l’on vénère avec des cierges 8
10 Non bénits, les Avé non plus 8
Récités lors des Angélus. 8
Que sonnent tant d’heures peu vierges. 8
Et vraiment tu sens le fagot : 8
Tu tournes un homme en nigaud, 8
15 En chiffe, en symbole, en un souffle, 8
Le temps de dire ou de faire oui, 8
Le temps d’un bonjour ébloui, 8
Le temps de baiser ta pantoufle. 8
Terrible lieu, ton galetas ! 8
20 On t’y prend toujours sur le tas 8
A démolir quelque maroufle, 8
Et, décanillés, ces amants, 8
Munis de tous les sacrements, 8
T’y penses moins qu’à ta pantoufle ! 8
25 T’as raison ! Aime-moi donc mieux 8
Que tous ces jeunes et ces vieux 8
Qui ne savent pas la manière, 8
Moi qui suis dans ton mouvement, 8
Moi qui connais le boniment 8
30 Et te voue une cour plénière ! 8
Ne fronce plus ces sourcils-ci, 8
Casta, ni cette bouche-ci, 8
Laisse-moi puiser tous tes baumes, 8
Piana, sucrés, salés, poivrés, 8
35 Et laisse-moi boire, poivrés, 8
Salés, sucrés, tes sacrés baumes. 8
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