Métrique en Ligne
VER_7/VER322
Paul VERLAINE
AMOUR
1888
LUCIEN LÉTINOIS
XVIII
Ame, te souvient-il, au fond du paradis, 12
De la gare d’Auteuil et des trains de jadis 12
T’amenant chaque ,jour, venus de La Chapelle ? 12
Jadis déjà ! Combien pourtant je me rappelle 12
5 Mes stations au bas du rapide escalier 12
Dans l’attente de toi, sans pouvoir oublier 12
Ta grâce en descendant les marches, mince et leste 12
Comme un ange le long de l’échelle céleste, 12
Ton sourire amical ensemble et filial, 12
10 Ton serrement de main cordial et loyal, 12
Ni tes yeux d’innocent, doux mais vifs, clairs et sombres 12
Qui m’allaient droit au cœur et pénétraient mes ombres. 12
Après les premiers mots de bonjour et d’accueil, 12
Mon vieux bras dans le tien, nous quittions cet Auteuil, 12
15 Et sous les arbres pleins d’une gente musique, 12
Notre entretien était souvent métaphysique. 12
O tes forts arguments, ta foi du charbonnier ! 12
Non, sans quelque tendance, ô si franche ! à nier, 12
Mais si vite quittée au premier pas du doute ! 12
20 Et puis nous rentrions, plus que lents, par la route 12
Un peu des écoliers, chez moi, chez nous plutôt, 12
Y déjeuner de rien, fumailler vite et tôt, 12
Et dépêcher longtemps une vague besogne. 12
Mon pauvre enfant, ta voix dans le bois de Boulogne ! 12
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