Métrique en Ligne
VER_7/VER320
Paul VERLAINE
AMOUR
1888
LUCIEN LÉTINOIS
XVI
Cette adoption de toi pour mon enfant 11
Puisque l’on m’avait volé mon fils réel, 11
Elle n’était pas dans les conseils du ciel, 11
Je me le suis dit, en pleurant, bien souvent ; 11
5 Je me le suis dit toujours devant la tombe 11
Noire de fusains, blanche de marguerites, 11
Elle fut sans doute un de ces démérites 11
Cause de ces mots où voici que je tombe, 11
Ce fut, je le crains, un faux raisonnement. 11
10 A bien réfléchir je n’avais pas le droit, 11
Pour me consoler dans mon chemin étroit, 11
De te choisir, même ô si naïvement, 11
Même ô pour ce plan d’humble vertu cachée : 11
Quelques champs autour d’une maison sans faste 11
15 Que connaît le pauvre, et sur un bonheur chaste 11
La grâce de Dieu complaisamment penchée ! 11
Fallait te laisser pauvre et gai dans ton nid, 11
Ne pas te mêler à mes jeux orageux, 11
Et souffrir l’exil en proscrit courageux, 11
20 L’exil loin du fils né d’un amour bénit. 11
Il me reviendrait, le fils des justes noces, 11
A l’époque d’être au moment d’être un homme, 11
Quand il comprendrait, quand il sentirait comme 11
Son père endura de sottises féroces ! 11
25 Cette adoption fut le fruit défendu ; 11
J’aurais dû passer dans l’odeur et le frais 11
De l’arbre et du fruit sans m’arrêter auprès. 11
Le ciel m’a puni… J’aurais dû,j’aurais dû ! 11
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