Métrique en Ligne
VER_7/VER315
Paul VERLAINE
AMOUR
1888
LUCIEN LÉTINOIS
XI
La Belle au Bois dormait, Cendrillon sommeillait. 12
Madame Barbe-bleue ? elle attendait ses frères ; 12
Et le petit Poucet, loin de l’ogre si laid, 12
Se reposait sur l’herbe en chantant des prières. 12
5 L’oiseau couleur-de-temps planait dans l’air léger 12
Qui caresse la feuille au sommet des bocages 12
Très nombreux, tout petits, et rêvant d’ombrager 12
Semaille, fenaison, et les autres ouvrages. 12
Les fleurs des champs, les fleurs innombrables des champs, 12
10 Plus belles qu’un jardin où l’Homme a mis ses tailles, 12
Ses coupes et son goût à lui, – les fleurs des gens ! – 12
Flottaient comme un tissu très fin dans l’or des pailles, 12
Et, fleurant simple, ôtaient au vent sa crudité, 12
Au vent fort mais alors atténué, de l’heure 12
15 Où l’après-midi va mourir. Et la bonté 12
Du paysage au cœur disait : Meurs ou demeure ! 12
Les blés encore verts, les seigles déjà blonds 12
Accueillaient l’hirondelle en leur flot pacifique. 12
Un tas de voix d’oiseaux criait vers les sillons 12
20 Si doucement qu’il ne faut pas d’autre musique… 12
Peau-d’Ane rentre. On bat la retraite – écoutez ! – 12
Dans les États voisins de Riquet-à-la-Houppe, 12
Et nous joignons l’auberge, enchantés, esquintés, 12
Le bon coin où se coupe et se trempe la soupe ! 12
logo du CRISCO logo de l'université