Métrique en Ligne
VER_7/VER306
Paul VERLAINE
AMOUR
1888
LUCIEN LÉTINOIS
II
Car vraiment, j’ai souffert beaucoup ! 8
Débusqué, traqué comme un loup 8
Qui n’en peut plus d’errer en chasse 8
Du bon repos, du sûr abri, 8
5 Et qui fait des bonds de cabri 8
Sous les coups de toute une race. 8
La Haine et l’Envie et l’Argent, 8
Bons limiers au flair diligent, 8
M’entourent, me serrent. Ça dure 8
10 Depuis des jours, depuis des mois, 8
Depuis des ans ! Dîner d’émois, 8
Souper d’effrois, pitance dure ! 8
Mais, dans l’horreur du bois natal, 8
Voici le Lévrier fatal, 8
15 La Mort. – Ah ! la bête et la brute ! – 8
Plus qu’à moitié mort, moi, la Mort 8
Pose sur moi sa patte et mord 8
Ce cœur, sans achever la lutte ! 8
Et je reste sanglant, tirant 8
20 Mes pas saignants vers le torrent 8
Qui hurle à travers mon bois chaste. 8
Laissez-moi mourir au moins, vous, 8
Mes frères pour de bon, les Loups ! – 8
Que ma sœur, la Femme, dévaste. 8
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