Métrique en Ligne
VER_7/VER289
Paul VERLAINE
AMOUR
1888
A LÉON VALADE
DOUZE longs ans ont lui depuis les jours si courts 12
Oit le môme devoir nous tenait côte à côte ! 12
Hélas ! les passions dont mon cœur s’est fait l’hôte 12
Furieux ont troublé ma paix de ces bons jours ; 12
5 Et ,j’ai couru bien loin de nos calmes séjours 12
Au pourchas du Bonheur, ne trouvant que la Faute ; 12
Le vaste monde autour de ma fuite trop haute 12
Fondait en vains aspects, ronflait en vains discours… 12
– L’Orgueil, fol hippogriffe, a replié ses ailes ; 12
10 Un cœur nouveau fleurit au feu des humbles zèles 12
Dans mon sein visité par la foudre de Dieu. 12
Mais l’antique amitié, simple, joyeuse, exacte, 12
Pendant tout mon désastre, à toute heure, en tout lieu, 12
– J’en suis fier, mon Valade, – entre nous tint ce pacte. 12
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