Métrique en Ligne
VER_5/VER174
Paul VERLAINE
SAGESSE
1881
I
XXII
Pourquoi triste, ô mon âme, 6
Triste jusqu’à la mort, 6
Quand l’effort te réclame, 6
Quand le suprême effort 6
5 Est là qui te réclame ? 6
Ah ! tes mains que tu tords 6
Au lieu d’être à la lâche, 6
Tes lèvres que tu mords 6
Et leur silence lâche, 6
10 Et tes yeux qui sont morts ! 6
N’as-tu pas l’espérance 6
De la fidélité, 6
Et, pour plus d’assurance 6
Dans la sécurité, 6
15 N’as-tu pas la souffrance ? 6
Mais chasse le sommeil 6
Et ce rêve qui pleure. 6
Grand jour et plein soleil ! 6
Vois, il est plus que l’heure : 6
20 Le ciel bruit vermeil, 6
Et la lumière crue 6
Découpant d’un trait noir 6
Toute chose apparue, 6
Te montre le Devoir 6
25 Et sa forme bourrue. 6
Marche à lui vivement. 6
Tu verras disparaître 6
Tout aspect inclément 6
De sa manière d’être, 6
30 Avec l’éloignement. 6
C’est le dépositaire 6
Qui te garde un trésor 6
D’amour et de mystère, 6
Plus précieux que l’or, 6
35 Plus sûr que rien sur terre : 6
Les biens qu’on ne voit pas, 6
Toute joie inouïe, 6
Votre paix, saints combats, 6
L’extase épanouie 6
40 Et l’oubli d’ici-bas, 6
Et l’oubli d’ici-bas ! 6
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