Métrique en Ligne
VER_5/VER167
Paul VERLAINE
SAGESSE
1881
I
XV
On n’offense que Dieu qui seul pardonne.
Mais
On contriste son frère, on l’afflige, on le blesse, 12
On fait gronder sa haine ou pleurer sa faiblesse, 12
Et c’est un crime affreux qui va troubler la paix 12
5 Des simples, et donner au monde sa pâture, 12
Scandale, cœurs perdus, gros mots et rire épais. 12
Le plus souvent par un effet de la nature 12
Des choses, ce péché trouve son châtiment 12
Même ici-bas, féroce et long communément. 12
10 Mais l’Amour tout-puissant donne à la créature 12
Le sens de son malheur qui mène au repentir 12
Par une route lente et haute, mais très sûre. 12
Alors un grand désir, un seul, vient investir 12
Le pénitent, après les premières alarmes. 12
15 Et c’est d’humilier son front devant les larmes 12
De naguère, sans rien qui pourrait amortir 12
Le coup droit pour l’orgueil, et de rendre les armes 12
Comme un soldat vaincu, – triste de bonne foi. 12
O ma sœur, qui m’avez puni, pardonnez-moi ! 12
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