Métrique en Ligne
VER_5/VER165
Paul VERLAINE
SAGESSE
1881
I
XIII
Prince mort en soldat à cause de la France, 12
Ame certes élue, 6
Fier jeune homme si pur tombé plein d’espérance, 12
Je t’aime et te salue ! 6
5 Ce monde est si mauvais, notre pauvre patrie 12
Va sous tant de ténèbres, 6
Vaisseau désemparé dont l’équipage crie 12
Avec des voix funèbres, 6
Ce siècle est un tel ciel tragique où les naufrages 12
10 Semblent écrits d’avance… 6
Ma jeunesse, élevée aux doctrines sauvages, 12
Détesta ton enfance, 6
Et plus tard, cœur pirate épris des seules côtes 12
Où la révolte naisse, 6
15 Mon âge d’homme, noir d’orages et de fautes, 12
Abhorrait ta jeunesse. 6
Maintenant j’aime Dieu, dont l’amour et la foudre 12
M’ont fait une âme neuve, 6
Et maintenant que mon orgueil réduit en poudre, 12
20 Humble, accepte l’épreuve. 6
J’admire ton destin, j’adore, tout en larmes 12
Pour les pleurs de ta mère, 6
Dieu qui te fit mourir, beau prince, sous les armes, 12
Comme un héros d’Homère. 6
25 Et je dis, réservant d’ailleurs mon vœu suprême 12
Au lis de Louis Seize : 6
Napoléon qui fus digne du diadème, 12
Gloire à ta mort française ! 6
Et priez bien pour nous, pour cette France ancienne, 12
30 Aujourd’hui vraiment « Sire », 6
Dieu qui vous couronna, sur la terre païenne, 12
Bon chrétien, du martyre ! 6
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