Métrique en Ligne
VER_28/VER851
Paul VERLAINE
POÈMES DIVERS
1890-1895
À MADAME MARIE M…
Vous fûtes bonne et douce en nos tristes tempêtes, 12
L'Esprit et la Raison parmi nos fureurs bêtes, 12
Et si l'on vous eût crue au temps qu'il le fallait 12
On se fût épargné tant de chagrin plus laid 12
5 Encor que douloureux, puis lorsque sonna l'heure 12
Définitive où d'espérer n'était qu'un leurre 12
Dorénavant, du moins vous fîtes pour le mieux 12
Quant à tel modus vivendi moins odieux 12
Que cette guerre sourde ou cette paix armée 12
Qui succéda l'affreux conflit.
10 Soyez aimée
Et vénérée, ô morte inopportunément ! 12
Qui sait ? Vous là, précise et sûre au vrai moment, 12
Votre volonté, toute indulgence et sagesse, 12
Eût prévalu sans doute et nous eût fait largesse 12
15 D'un pardon mutuel obtenu par son soin : 12
Tout serait pour le mieux avec Dieu pour témoin ; 12
Mais Dieu n'a pas voulu, qui vous a donc reprise 12
Pourquoi ?
Dormez, ô vous, sous votre pierre grise,
Qui fîtes le devoir et ne cédâtes pas. 12
20 Dormez par ce novembre où ne peuvent mes pas 12
Malades vous aller porter quelque couronne : 12
Mais voici ma pensée, ô vous douce, ô vous bonne ! 12
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