Métrique en Ligne
VER_28/VER846
Paul VERLAINE
POÈMES DIVERS
1890-1895
PÂQUES
Dic nobis, Maria,
Quem vidisti in via ?
De Rome, hier matin, les cloches revenues 12
Exhalent un concert glorieux dans les nues. 12
L'écho puissant qui flue et tombe de la tour 12
Vient magnifier l'air et la terre à leur tour. 12
5 L'oiseau, sanctifié par l'or des salves saintes, 12
Lui-même entonne un hymne aimable et, las de plainte, 12
Clame l'alleluia sur un air de chanson, 12
Dans l'arbre, au ras des prés, et parmi le buisson. 12
L'alouette, un motet au bec, s'est envolée ; 12
10 Le rossignol a salué l'aube emperlée 12
D'accents énamourés d'un amour plus brûlant, 12
Et comme lumineux d'un bonheur calme et lent. 12
Le printemps, né d'hier, allégrement frissonne ; 12
La nature frémit d'aise, et voici que sonne 12
15 Partout dans la campagne, au cœur des vieux beffrois 12
De l'altier campanile et du palais des rois, 12
Et de tous les fracas religieux des villes 12
Des Paris aux Moscous, des Londres aux Sévilles, 12
Le frais appel pour l'alme célébration 12
20 De l'almissime jour de résurrection… 12
La colombe vole au sillon et l'agneau broute. 12
Dis-nous, Marie, qui tu rencontras en route ? 12
Le fleuve est d'or sous le soleil renouvelé… 12
« C'est le seigneur : en Galilée il est allé ! » 12
25 — Ah ! que le cœur n'est-il lavé dans l'or du fleuve ! 12
Sanctifié dans l'or des cloches, l'âme veuve ! 12
Et que l'esprit n'est-il humble comme l'agneau, 12
Blanc comme la colombe en ce clair renouveau, 12
Et que l'homme, jadis conscience introublée, 12
30 N'est-il en route ,encore pour la Galilée ! 12
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