Métrique en Ligne
VER_28/VER828
Paul VERLAINE
POÈMES DIVERS
1890-1895
VISITES
Je n'ai pas vu d'arbres ni d'herbe 8
Ni de ciel, sinon un seul pan, 8
Durant tout cet été superbe 8
Dont on me rebat le tympan. 8
5 Ah çà, m'aurait-on donc jeté 8
Dans un cachot trop mérité ? 8
Non, je suis simplement malade, 8
Mais un malade dès l'abord 8
En plein large, à la débandade, 8
10 Délire, coma, pris pour mort ; 8
Puis je redevins l'alité 8
Classique — à perpétuité ? 8
Et ce n'est pas que je m'ennuie, 8
Au moins, dans l'asile où je suis. 8
15 Pas de soleil, mais pas de pluie. 8
J'y vis au frais, au chaud, et puis 8
Des visiteurs assidûment 8
Y charment mon isolement. 8
C'est toi d'abord, ô bien-aimée, 8
20 M'apportant avec ta gaîté 8
Dorénavant douce, l'armée 8
Des victorieux procédés 8
Par quoi tu m'as toujours dompté, 8
Conseil juste, forte bonté… 8
25 Et ne voilà-t-il pas ençore, 8
Ô miracle renouvelé 8
De vingt ans passés que j'implore 8
Depuis lors, contrit, désolé, 8
Que la grâce entre et me sourit, 8
30 De Notre-Seigneur Jésus-Christ ! 8
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