Métrique en Ligne
VER_16/VER670
Paul VERLAINE
ÉPIGRAMMES
1894
XII
I
On finit par s’habituer 8
A la trahison de la femme : 8
La vie est faite de la trame 8
Qu’elle tisse pour nous tuer. 8
5 Après un temps d’apprentissage 8
On ne saurait plus s’en passer ; 8
D’abord on s’escrime à ruser, 8
Puis c’est la fatigue, – et l’usage. 8
La colère cède à l’ennui 8
10 Qui fait bientôt place à la presque 8
Indifférence moins grotesque 8
Que tel transport qui nous a nui. 8
Puis la confiance charmante 8
Revient, avec le correctif 8
15 D’à son tour se rendre fautif 8
Et de tromper aussi l’amante 8
Qui vous pardonne s’il lui plaît. 8
Mais tout cela c’est pitoyable ! 8
Il n’y a guère que le diable 8
20 Pour profiter d’un jeu si laid. 8
Bah ! mieux vaudrait sans tant d’embage 8
Se fermer, sans plus biaiser, 8
Les yeux d’un mutuel baiser. 8
Car le plus fin c’est le plus sage. 8
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