Métrique en Ligne
VER_15/VER411
Paul VERLAINE
DÉDICACES
1890
XX
A GEORGE BONNAMOUR
J’ÉTAIS malade de regrets, de quels regrets ! 12
Toute ma bonne foi pleurait d’une méprise. 12
Mon corps qui fut naguère fort, si faible après 12
Agonisait presque, comme un tigre agonise. 12
5 Ma face dure aux poils fauves de barbe grise 12
Suait froid, mes yeux clos se rejoignaient trop près, 12
D’affreux hoquets me secouaient sous ma chemise 12
Et mes membres s’alignaient, à la mort tout prêts. 12
Puis il fallut manger et boire. Comment faire ? 12
10 Mais vous vous trouviez là qui me tendiez mon verre 12
Et découpiez ma chère et me teniez le front. 12
Et, tout en écoutant, pieux, ma juste plainte, 12
La consolant parfois d’un mot franc dit sans crainte, 12
Berciez l’enfant qu’est moi des beaux jours qui seront. 12
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