Métrique en Ligne
VER_15/VER391
Paul VERLAINE
DÉDICACES
1890
II
BALLADE EN VUE D’HONORER LES PARNASSIENS
A Ernest Jaubert.
OR on vivait en des temps fort affreux 10
Où la réclame était mal en avance. 10
Dans la bataille aux rimes plus d’un preux 10
Tout juste eut pour l’attaque et la défense 10
5 Quelque canard d’Artois ou de Provence ; 10
Mais Phœbus vint qui reconnut les siens 10
Et sut garder, vainqueurs, de toute offense 10
Les chers, les bons, les braves Parnassiens. 10
Bien que tenus un peu pour des lépreux, 10
10 Ne touchant guère en fait de redevance 10
Que tels petits écus des moins nombreux 10
Et l’amour et l’eau claire pour chevance 10
Unique avec la faim de connivence, 10
Tous, aussi bien les neufs que les anciens, 10
15 Ils marchaient droit dans la stricte observance, 10
Les chers, les bons, les braves Parnassiens. 10
C’étaient, après les Maîtres valeureux, 10
Ces pages fiers : Mendès en son enfance 10
Mais qui déjà portait des coups heureux, 10
20 – Ah lui ! ne l’eût oncques la rime en vance 10
Gêné du tout, voire celle en revance, – 10
Heredia, fleur des patriciens, 10
Dierx, Cazalis, que leur nom pur devance, 10
Les chers, les bons, les braves Parnassiens. 10
ENVOI
25 Princes et rois « gardés de toute offense », 10
Ai-je dit, l’un de ces miliciens, 10
Qu’à leurs santés boivent l’eau de Jouvence 10
Les chers, les bons, les braves Parnassiens. 10
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