Métrique en Ligne
VER_14/VER651
Paul VERLAINE
DANS LES LIMBES
1894
XVII
Un fiacre, demain, à huit heures 8
Du matin, nous emportera 8
Tous deux bien loin de ces demeures 8
Devers tous les et cætera 8
5 De la vie enfin reconquise, 8
Bonheur, malheur, et toi toujours ! 8
Car tu m’es la fête promise 8
Ou le saut aux abîmes sourds. 8
Cette fois comme les dernières 8
10 Tu me jures bien d’en finir 8
Avec tes mœurs aventurières 8
Et de ne plus y revenir. 8
Est-ce encore de la faiblesse 8
Ou pressentiment de ma part ? 8
15 Il me semble que ta promesse 8
D’aujourd’hui d’un cœur loyal part, 8
Pourtant tes yeux noirs, ô ma brune, 8
De leur regard méchant et bon, 8
Mystérieux comme la lune, 8
20 Ne me disent ni oui ni non, 8
Et le sourire qui te pare, 8
Parfois semble avoir hésité 8
Entre une malice barbare 8
Et la plus naïve gaieté. 8
25 Si tu savais ce que je souffre 8
Dans ce misérable suspens, 8
Me balançant des cieux au gouffre, 8
Du gouffre morne aux cieux flambants, 8
Des cieux flambants de toutes joies 8
30 Au gouffre plein d’ombre et de mal, 8
Tu pitoierais – et tu pitoies ? 8
Ce pauvre vieux dit l’Infernal. 8
Qu’importe, allons ! ô toi le maître 8
Et la maîtresse. Il est demain, 8
35 L’heure a sonné, vite au Peut-être 8
Dont ton caprice est le chemin. 8
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