Métrique en Ligne
VER_14/VER640
Paul VERLAINE
DANS LES LIMBES
1894
VI
Le lieu des adieux (pas éternels), – la saison 12
Dernière était au coin de la basse maison 12
Toute rouge – la tuile et la brique y fourmillent 12
(Vis-à-vis le gazon bordé de camomille) 12
5 Qui sert de local à des services divers. 12
Là l’heure ayant sonné de son timbre pervers, 12
Nous enjoignant de nous séparer tout de suite, 12
Hélas ! avant qu’hélas ! tu ne prennes la fuite, 12
Je t’embrassais si fort que toi tu ne pouvais 12
10 T’empêcher de rire aux éclats, et ne savais 12
Pour lors me refuser un baiser sur la bouche, 12
Un gros, frais, long baiser partagé, puis, farouche 12
Pour la forme – c’était presque en public, des yeux 12
Pouvaient nous voir, malins, ou pis, officieux, 12
15 Des langues bavardes, et quel scandale ! et leste, 12
Cruellement, tu me quittais, instant céleste 12
Et diabolique, avec ces mots : « Je ne viens plus. » 12
Car, sachant bien que tu viendrais, irrésolus 12
Toutefois, mes désirs fous tantôt ivres d’ire 12
20 Et de larmes, tantôt pleins d’espoir à ton dire, 12
Se souvenant de la chère intonation 12
Et de la gentiment taquine intention, 12
Me balançaient dans une fausse inquiétude, 12
Jusqu’au lendemain, tendre amie au verbe rude. 12
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