Métrique en Ligne
VER_12/VER611
Paul VERLAINE
ODES EN SON HONNEUR
1893
XV
Quand tu me racontes les frasques 8
De ta chienne de vie aussi, 8
Mes pleurs tombent gros, lourds, ainsi 8
Que des fontaines dans des vasques, 8
5 Et mes longs soupirs condolents 8
Se mêlent à tes récits lents. 8
Tu me dis tes amours premières 8
Fille des champs avec des gars, 8
Puis fille en ville aux fois écarts 8
10 Et les trahisons coutumières 8
Et mutuelles sans remord 8
Des deux parts et comme d’accord. 8
Tout d’un coup un caprice vite 8
Mûri, par l’us, en passion 8
15 Sauvage, tel l’humble scion 8
Grandissant en palme subite 8
Qu’agiterait dans quelque vert 8
Paysage un vent du désert. 8
Fidèle, toi, l’autre, infidèle, 8
20 Toi douloureuse, lâche, enfin 8
Furieuse, soûle du vin 8
Du vice, essorant d’un coup d’aile 8
Ton cœur comme un aigle blessé, 8
Mais sans pouvoir fuir le passé… 8
25 Je t’écoute, et ma pitié toute, 8
Toute mon admiration, 8
Une indicible affection, 8
Sinon celle d’un pur amour 8
Te vont de moi par quelle route 8
30 Qui souffrirait, chère, à son tour, 8
Qui souffrira, j’en ai la crainte, 8
Qui souffre déjà, tu le sais, 8
Toi parfois mauvaise à l’excès, 8
Charmante aussi comme une sainte 8
35 Envers ce moi, bon vieil amant, 8
Le dernier, hein, probablement ? 8
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