Métrique en Ligne
VER_12/VER607
Paul VERLAINE
ODES EN SON HONNEUR
1893
XI
Riche ventre qui n’a jamais porté, 10
Seins opulents qui n’ont pas allaité, 10
Bras frais et gras, purs de tout soin servile. 10
Beau cou qui n’a plié que sous le poids 10
5 De lents baisers à tous les chers endroits, 10
Menton où la paresse se profile, 10
Bouche éclatante et rouge d’où jamais 10
Rien n’est sorti que propos que j’aimais, 10
Oiseux et gais – et quel nid de délices ! 10
10 Nez retroussé quêtant les seuls parfums 10
De la santé robuste, yeux plus que bruns 10
Et moins que noirs, indulgemment complices, 10
Front peu penseur mais pour cela bien mieux, 10
Longs cheveux noirs dont le grand flot soyeux, 10
15 Jusques aux reins lourdement se hasarde, 10
Croupe superbe éprise de loisir 10
Sauf aux travaux du suprême plaisir, 10
Aux gais combats dont c’est l’arrière-garde, 10
Jambes enfin, vaillantes seulement 10
20 Dans le plaisant déduit au bon moment 10
Serrant mon buste et ballant vers la nue, 10
Puis, au repos, – cuisses, genoux, mollet, – 10
Fleurant comme ambre et blanches comme lait : 10
– Tel le pastel d’après ma femme nue. 10
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